Azzedine Medour

Publié le par amazigh

Il est le plus connu des cinéastes Imazighen. S'il fut l'un des premiers à réaliser un film en langue tamazight ("La montagne de Baya"), il se revendiquait avant tout cinéaste algérien. Cet intellectuel alliait qualités morales, humaines et professionnelles.  Il était un modèle de droiture, de sérieux, de sincérité, d’honnêteté, de bravoure et de simplicité.
Il née le 8 mai 1947 à Tigert n’ldjamaâ (Akabiou), village de petite Kabylie, non loin de Bejaia. Il y vit toute son enfance. Ensuite il suit des études de lettres françaises à l’université d’Alger. En 1971, l'Algérie est très proche de l'URSS et Azzedine Medour part pour ce pays afin d'y suivre une formation cinématographique. Il intègre le VGIK de Moscou, organisme d'état du cinéma soviétique à l'époque très réputé. De 1971 à 1978, il y suit des études poussées  dont il garde surtout un perfectionnisme technique. C'est aussi durant cette période qu'il connaît Erina, une moscovite,  qu'il épouse en 1977 et dont il aura deux filles.
Il revient s'établir en Algérie en 1979. En 1982, il achève son premier film "La fillette et le papillon", qui à l'époque passe inaperçu. En 1983, il sort un film de fiction "Entre nous" qui obtient la même année le prix spécial du jury à Prague et une mention au festival de Monté Carlo. En 1985, la série documentaire "Combien je vous aime" obtient le premier prix au festival américain du film à New York dans la section "Perspective".
Les années suivantes sont marquées par la sortie d'une série de documentaires : "Polisario, année 15" (1986), "Un survivant raconte" (1988), "Des faits et des faits" (23 documentaires de 26 minutes chacun), "La légende de Tiklat" (1991) qui est en langue tamazight, "Djurdjura" (1992).
En 1993, il renoue avec le long métrage. Son film "Le chacal doré" obtient le prix du grand public au festival de Palaiseau.
Il entreprend alors le tournage d'un long métrage en tamazight "Adrar n Baya"
(La Montagne de Baya). Ce chef d'oeuvre ne sort qu'en 1997, après des conditions de tournage calamiteuses. En Algérie, le cinéma est financé par l'état. Le cinéaste doit constamment se battre contre une administration tatillonne qui lui refuse des financements. Le contrat qui le lie à l'organisme financeur est résilié onze fois durant le tournage. Avec l'opiniâtreté qui le caractérise, Azzedine Medour parvient pourtant à chaque fois à obtenir le moyen de poursuivre. La menace islamiste est également présente. Malgré les précautions, les reports de tournage, en décembre 1995, l'explosion d'une caisse de munitions décime treize membres de l'équipe de tournage et en blesse vingt-cinq autres. Il s'agit en fait d'un attentat fomenté par des intégristes. Profondément marqué, Azzedine Médour est  sur le point de tout arrêter. L'amitié et l'insistance des acteurs et de l'équipe de tournage font qu'il poursuit.
Dès sa sortie en 1997, le film connaît un énorme succès.  La montagne de Baya est une oeuvre complexe, bouleversante, qui devient très vite pour les Imazighen un symbole.
Azzedine Medour entreprend ensuite le tournage de son dernier film "La douleur muette". Il était sur le point de le terminer quand, le 16 mai 2000, il succombe à une longue maladie. Cette oeuvre bouleversante est un peu un testament. L'artiste savait que le temps lui été compté. Ce n'est sans doute pas un hasard s'il a choisi des regards d'enfants pour évoquer l'Algérie.

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